Le 11 mai est une date qui renvoie à un espoir et, en même temps, à la crainte de l’inconnu. Elle provoque un raz-de-marée d’émotions parfois contraires et compliquées à déchiffrer.

L’enquête COCONEL, réalisée entre autres par l’institut de sondage IFOP sur un échantillon d’un millier de personnes, montre que "les Français ont un niveau d’inquiétude pour le moment inférieur à celui observé lors d’autres phénomènes épidémiques et que 70% des personnes interrogées considèrent que le COVID-19 est particulièrement contagieux et grave".

Les résultats suggèrent que la perception du risque pour soi, pour les autres et par les autres est un déterminant majeur de l’adoption des comportements de prévention.

La peur de ressortir de chez soi alors que le risque de tomber malade est toujours là nous fragilise. À cela, s’ajoute la crainte de contamination et les incertitudes pour ses enfants, la réadaptation au travail entre autres problématiques subjectives à chaque famille. 

Le psychothérapeute Bruno Vibert propose "Les stades psychologiques du déconfinement" et donne des conseils pour mieux vivre ces étapes, dont la durée peut varier d'un individu à l'autre.

Les 4 stades psychologiques du déconfinement

  1. Une phase d'inquiétude "qu'on a déjà connue à l'annonce du confinement et que l'on va revivre lors du déconfinement".
  2. Une phase d'opposition "visible pour tous changements. Ici, c'est la peur de l'inconnu qui parle".
  3. Une phase d’acceptation "qui intervient après avoir trouvé du recul et des bénéfices à la situation nouvelle".
  4. Une phase de découverte "où l'on va ouvrir les yeux sur la nouveauté et avancer vers de nouveaux projets".

Les conseils du  psychothérapeute Bruno Vibert pour mieux appréhender le déconfinement

Prendre le déconfinement comme une opportunité

"Envisagez cette période de manière positive, comme une chance de se poser les bonnes questions et de s'écouter. Ce déconfinement peut être le moment de faire le point sur ce dont on a envie, tant dans sa vie professionnelle que personnelle, de mieux se connaître, de davantage s'écouter et d'avoir plus conscience de soi. Le déconfinement est une période qui ouvre le champ des possibles et qui permet des remises en questions positives".

Avoir des projets

"Il faut bien comprendre que cette période, certes inédite et pleine d'incertitudes, est temporaire. Je conseille donc de vous concentrer sur des projets que vous pourrez mettre en place après le déconfinement et de les envisager vraiment, sans attendre, car ils seront à un moment donné réalisables et concrétisables. Se fixer des projets permet de comprendre que cette situation est un passage et non quelque chose d'éternel. Il y a d'ailleurs une très jolie citation d'Héraclite qui dit : "Rien n'est permanent sauf le changement"." 

Concrètement, listez vos projets : cela peut être de changer de travail, d'organiser un voyage, se lancer dans une association caritative, débuter une nouvelle activité physique... écrivez-les si vous en ressentez le besoin, parlez-en à vos proches et renseignez-vous de manière concrète.

Se rassurer

"Avoir peur est totalement légitime dans un contexte comme celui-ci, mais il ne faut pas hésiter à s'équiper pour se rassurer. Pour cela, il faut se demander de quoi on a réellement peur et mettre tout en place pour minimiser cette appréhension".
Par exemple, si on a peur de la contamination, on va tout faire pour se protéger davantage, mettre un masque et des gants, maintenir une distanciation sociale, se laver les mains après chaque sortie... Si on a peur de prendre les transports, on peut essayer de trouver un covoiturage pour les premiers jours.
Quelles que soient nos peurs, il ne faut pas hésiter à en parler à son entourage pour avoir un soutien émotionnel.
"Le message clé, c'est d'essayer de ne plus placer ses inquiétudes en faiblesse, mais de les ériger en forces".

Réinstaller des rituels et des habitudes

"Le confinement a bouleversé nos repères et nos buts quotidiens. Le fait d'aller travailler, d'emmener les enfants à l'école, de faire des activités... donnent un objectif dans sa journée, un cadre et une routine qui permettent de se réguler et de s'épanouir. Il va donc falloir remettre en place, si cela a été chamboulé, des horaires fixes de lever, de coucher et de repas, un temps pour se préparer et s'habiller, des rendez-vous hebdomadaires (activité physique, tâches ménagères...), ainsi que des moments pour soi.
Par ailleurs, il y aura une phase de deuil à faire : accepter que son quotidien sera à nouveau chamboulé et que sa vie ne sera plus exactement la même que celle d'avant. Certes, on va y retrouver certains aspects, mais peut-être pas tous. Par exemple, on va pouvoir sortir ou retrouver du lien social, mais pas de la même façon. Et ça, il faut en avoir pleinement conscience et essayer de l'accepter".