À Saint-Médard, Christian fait revivre objets et souvenirs

Tout juste installé à Saint-Médard-en-Jalles, Christian Jakovljevitch n’est pas un retraité comme les autres. Curieux, insatiable, chineur invétéré, il a décidé de faire de sa passion un nouveau projet de vie :  “Collec le Bricanteur”. Un lieu à son image, où la seconde main rime avec rencontre, partage et respect des ressources.

Chez Christian, la collection est presque une seconde nature, « je suis atteint de collectionnite », dit-il avec humour, cette maladie qui nous pousse à collectionner. « J’ai commencé tout petit, avec les timbres, » raconte-t-il. « Puis les porte-clés, les télécartes… J’ai toujours eu ce besoin de garder une trace des choses. Chaque objet raconte un moment, une époque, un souvenir. »
Tout au long de sa vie, il a cultivé cette curiosité, cette envie d’apprendre et de comprendre.

“J’ai beaucoup voyagé, notamment en Afrique, au Gabon, et j’y ai découvert des objets artisanaux. Des masques, des sculptures et des légendes…” 

De l’informatique au bois de chauffage, puis à la “bricanterie”

Avant d’ouvrir sa boutique, Christian a eu plusieurs vies professionnelles. D’abord entrepreneur dans l’informatique, il en a connu les débuts depuis l’époque des cartes perforées !

« C’était une autre époque… J’étais jeune, curieux, et j’adorais cette idée de comprendre comment les choses fonctionnaient. »

Après avoir vendu sa première entreprise, il s’est tourné vers un tout autre domaine : la vente de bois de chauffage, qu’il a exercée pendant plus de dix ans en région parisienne. Puis un jour, le fil de la vie l’a conduit plus au sud. « Ma fille s’est mariée avec un Bordelais, et à la retraite, on s’est dit : pourquoi ne pas se rapprocher d’eux, profiter des petits-enfants ? »
Le déménagement vers Saint-Médard-en-Jalles a été un tournant.  « On s’est vite rendu compte qu’on avait accumulé énormément d’objets au fil des années : des souvenirs de voyages, des collections, des BD, des timbres, de la vaisselle… Mais on ne voulait pas tout jeter. Ces objets faisaient partie de notre histoire. »

Alors, il commence à s’inscrire à quelques vide-greniers du coin. « Mais c’était compliqué : je ne pouvais emporter que ce que ma voiture permettait, et parfois, je n’avais pas sur place ce que les gens recherchaient ».
L’ancien commerçant se rend alors à l’évidence : il lui faut un lieu. Un espace avec lequel tout cela puisse vivre, circuler, se transmettre.
C’est ainsi qu’est né « Collec le Bricanteur« , un nom clin d’œil à son tempérament : un peu collectionneur, un peu récup, et surtout profondément humain.

« Je ne suis pas un brocanteur au sens classique. Je ne vais pas acheter de l’or ou des bijoux. Je veux que les objets que je propose soient accessibles, utiles, ou simplement beaux à regarder. »

La seconde main, une philosophie de vie

Chez Christian, la seconde main n’est pas qu’un concept : c’est un mode de vie qu’il porte depuis toujours. « Je suis né en 1955, après la guerre. À l’époque, on ne jetait rien. Ma mère récupérait les vêtements des copines, on retaillait, on reprenait les ourlets, on tricotait à partir de laine déjà utilisée. On vivait simplement, mais rien n’était perdu. »

Quand il s’est installé pour la première fois, comme tous les jeunes adultes qui débutent, il n’avait pas beaucoup de moyens. « Je suis allé dans un dépôt de l’Armée du Salut pour acheter ma vaisselle, cela me suffisait. » Aujourd’hui encore, il perpétue cet état d’esprit. 

Réutiliser, ce n’est pas seulement faire des économies. C’est refuser de puiser sans fin dans les ressources de notre planète. C’est aussi créer un circuit plus local, plus solidaire, où les objets retrouvent une utilité et du sens.

Une bricanterie où chaque objet trouve sa place

Dans sa boutique, Christian ne cherche pas la rareté, mais la justesse. Les clients lui apportent souvent des objets en très bon état, occasionnellement avec une histoire touchante.
« Je suis souvent surpris de la générosité des gens. Certains donnent juste parce qu’ils ne veulent pas jeter. Parfois, les gens m’apportent de l’électroménager ou des objets que je ne peux pas reprendre. Dans ces cas-là, je les redirige vers les recycleries du coin, comme celles qui peuvent réparer ou revaloriser. » C’est important que chacun trouve sa place dans ce circuit vertueux.

« On travaille tous dans le même esprit : éviter le gaspillage et faire vivre l’économie locale. »

Et Christian, toujours curieux, continue d’apprendre chaque jour :  « Je découvre de nouvelles choses sans arrêt. Les gens me parlent d’un objet, d’une époque, et je me documente. C’est passionnant. »

Collec Le Bricanteur, c’est un peu le reflet de son parcours : un mélange de passion, de curiosité et d’humanité. 

« J’ai toujours été un homme de contact. Aujourd’hui, la boutique me permet de garder ce lien, d’échanger, d’écouter. Et puis, même à la retraite, on peut encore se réinventer. »

Dans sa boutique de seconde main, entre deux livres d’enfants et une vieille caméra super 8, Christian transmet bien plus que des objets : il transmet un état d’esprit, celui d’une vie où chaque chose mérite une seconde chance.

« Je viens juste d’arriver, donc j’ai encore le temps de repenser cette boutique de seconde main, peut-être un jour une pause-café avec cette pile de BD qui n’attend qu’à être découverte »... Bref, Christian a beau être à la retraite, il continue d’apprendre, de découvrir et nous faire découvrir ces objets qui méritent une seconde chance.