La minute histoire : La Poudrerie

Cantonnement annexe de la poudrerie de Saint-Médard-en-Jalles

Des « Moulins à poudre du Roy », en 1660, à ArianeGroup, leader mondial des systèmes de lancement et d’applications spatiales, en passant par la Poudrerie Royale et la SNPE, voici l’histoire de ce site industriel qui a donné sa physionomie à la ville de Saint-Médard-en-Jalles.

Depuis sa création au XVIIe siècle, la Poudrerie de Saint-Médard-en-Jalles en Gironde n’a jamais cessé de se transformer. Au départ bâti pour produire de la poudre noire à canons et à fusils, à partir du mélange de soufre-salpêtre-charbon de bois, elle est arrivée au XXIe à la conception du Propergol.

De 1660 à 1800 : La création de la poudrerie et son installation dans le paysage

Jehan Dupérier, négociant bordelais, achète un terrain sur lequel il fait construire six moulins à poudre : « Les moulins à poudre du Roy ». Il y fabrique et commercialise de la poudre de chasse. L’approvisionnement des munitions de l’armée royale n’est alors qu’une très faible partie de sa production. Malheureusement, le sieur Jehan Dupérier décède dans une explosion, deux ans à peine après la création de son commerce.

En 1679, Louis XIV ordonne la reconstruction du site qui devient, la poudrerie Royale, par édit général, afin de répondre à la demande croissante d’approvisionnement des armées royales.

La poudrerie évolue au fil des siècles et joue un rôle majeur pour la France, notamment pendant les périodes de conflits.

D’abord lors des guerres révolutionnaires et impériales : la présence de la poudrerie vaut à la toute nouvelle commune de Saint-Médard-en-Jalles d’être débaptisée, pour un cours laps de temps, en la « Fulminante ». En 1885, la décision est prise d’implanter une unité de production de poudre à la nitroglycérine. L’emprise de la poudrerie passe alors à 26 hectares nécessitant l’expropriation du château La Fon.

L’incendie de la Poudrerie

En 1901, un violent incendie a détruit la moitié du bâtiment 14 l’un des plus importants de la poudrerie
Dans ce bâtiment, on procédait au traitement, de la poudre hors d’usage renvoyée à l’établissement. Il s’agissait de poudre qui avait fait l’objet d’une expédition outre-mer ou à un corps de troupe en campagne. Il était d’usage de retourner à la poudrerie la poudre non utilisée. Cette poudre dite « éventée » subissait un traitement qui lui rendait ses propriétés premières.

Ce jour-là, dix-huit femmes se trouvaient sous l’auvent et sept hommes étaient à l’intérieur du hangar. Heureusement, lorsque le baril de poudre prit subitement feu, un seul ouvrier se trouva dans le bâtiment et pu sortir à temps. Le courage et la compétence des ouvriers ayant participé à la lutte contre l’incendie ont permis d’éviter des pertes humaines et la destruction de nombreux appareils de fabrication. Ce qui aurait entraîné un long chômage pour l’établissement.

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De 1914 à 1945  : Un rôle central dans les guerres mondiales

À partir de 1914, le second conflit mondial génère l’expropriation de 200 hectares supplémentaires et donne l’emprise actuelle du site. La production est estimée à 100 tonnes par jour et elle emploie près de 17 000 salariés. Paradoxalement, la ville ne compte alors que 5 000 habitants.

En juillet 1940, le conflit déchire l’Europe et les troupes allemandes envahissent le site.
En avril 1944, un bombardement allié, secrètement orchestré avec la participation d’ouvriers – résistants français, permet de limiter la production de la poudrerie et participe ainsi à la victoire des troupes alliées.

Des années 60 à 2000 : objectif Lune

Dans les années 60, avec le développement des armes nucléaires et la guerre Froide, la production sert un plan de dissuasion porté par le Général de Gaulle : dès lors, la production se concentre sur le carburant qui alimente les missiles de la force nucléaire stratégique.

En 1971, la poudrerie devient la Société nationale des poudres et des explosifs (SNPE) et poursuit la stratégie d’armement de la France inscrite dans son ADN depuis plus de 300 ans.

Fin des années 90, c’est l’entrée dans l’ère de l’aérospatiale avec le lancement d’Ariane 5 depuis la base de Kourou. L’entrée dans le 21ᵉ siècle est marquée par le rachat par le groupe Safran qui fusionnera un an plus tard les activités poudre et propulsion avec la naissance de la société Héraklés.

En 2014, le regroupement d’Airbus et de Safran, poursuit un nouvel objectif : lancer Ariane 6. Rebaptisé « Ariane group » en 2017, il devient le leader mondial des systèmes de lancement et d’applications spatiales civiles et militaires.

Le virage vers la production de « propergols » combustible destiné aux propulseurs est amorcé. Le vol inaugural d’Ariane 6 est attendu à l’été 2024… l’Histoire continue !