Patrimoine architectural et naturel

Jadis lieu de promenade avec de nombreux ruisseaux et jalles, Saint-Médard-en-Jalles était un territoire presque entièrement agricole avec des bois, jardins et vignobles réputés qui produisaient en abondance fruits, légumes, bois et des vins de qualité.
De ce fait, la Ville abrite encore quelques châteaux de négociants bordelais, ainsi qu’un des seuls châteaux-forts de la région bordelaise encore visible.

L’église de Saint-Médard-en-Jalles

Saint-Médard était l’évêque de Soissons au VIe siècle. Son culte s’est répandu, notamment dans le sud-ouest de la France. Au pied de l’église se trouvent des sépultures mérovingiennes des VIe et VIIe.
L’utilisation religieuse du lieu remonterait donc au moins à cette époque.

Porte centrale de l'Eglise - architecture romane © Archives municipales

L’église est fortement dissymétrique : son entrée principale, un portail néoroman datant du Second Empire, se trouve du côté sud de la nef. Au-dessus, se trouve un fronton triangulaire nu soutenu par des corbeaux représentant les douze signes du Zodiac.

L’édifice lui-même, de style roman, date du XIe siècle. Le chevet comporte une abside principale, orientée vers l’est, entourée d’une absidiole (l’actuel chapelle Saint Jean) qui jouxte le clocher au sud, et de la chapelle de la Vierge et la chapelle Saint Yves au nord. Cette dernière date du XVIIe siècle.

Le clocher carré, soutenu par un contrefort, date du XIVe siècle. Les deux cloches de bronze datent quant à elle de 1872.
L’édifice comporte deux nefs contiguës, séparées par cinq arches reposant sur six colonnes. La dernière travée date du XIXe siècle et sa construction a nécessité la destruction du portail roman ouest d’origine.
Les côtés du chœur sont formés de cinq pans de murs surmontés d’une voûte en quart de sphère. Les vitraux représentent les quatre évangélistes.

L’autel, l’ambon et le tabernacle, qui datent des années 1990, sont décorés de bas-reliefs en terre cuite faits par des enfants et qui représentent des scènes bibliques.

Le confessionnal de l’église est un objet classé au titre des monuments historiques du XVIIIe siècle.
Au fil des ans, ce meuble en bois de chêne aux formes chantournées et cintrées a subi de nombreuses attaques d’insectes, de l’humidité ainsi que de restaurations antérieures hasardeuses. Il a été entièrement restauré en 2007.

Les châteaux et maisons bourgeoises

De part son territoire agricole et forestier, Saint-Médard abrita des domaines. Pas moins de 8 châteaux sont encore visibles sur le territoire, la majorité étant des propriétés privées.

Le château La Fon : le plus beau château du canton

Le premier propriétaire connu serait Ramon de La Fon, huissier au Parlement de Bordeaux en 1561. La date de construction du château se situe vers 1775. Dans les années 1820, il est acquis par Jean-Baptiste Courau, syndic des assureurs de Bordeaux et conseiller municipal à Saint-Médard-en-Jalles Il est le père du « Pont Rouge » permettant le franchissement de la Jalle sur la route de Corbiac à un peu plus de 500 mètres du château.

En 1840, il est acheté par le marquis Louis Gabriel de Castelnau d’Auros. Celui-ci le revend en 1850 à Louis Jardel Larroque qui le fait restaurer. Puis il revient au main de Bernard Alexandre Eyquem en 1862, avant de le céder en 1886 à l’État.

Fortement restaurée, elle est la résidence du directeur de la poudrerie jusqu’en 1939.lI est connu sous le nom de Lafon-Marguerite. Le château subit d’importants dommages sévère durant bombardement de la poudrerie par la Royal Air Force dans la nuit du 29 au 30 avril 1944 alors qu’il était occupé par les Allemands. Il devient alors inhabitable.

Restauré dans les années 50 le château Lafon, resté longtemps à l’abandon, devient la propriété d’ArianeGroup.

Compte rendu du conseil municipal du 25 septembre 2024
En 1862, Bernard Alexandre Eyquem l’achète et « fait de Lafon-Marguerite un des plus jolis châteaux du canton », avant de le céder en 1886 à l’État. © Ville de Saint-Médard-en-Jalles

Le château de la Mothe-Gajac, le dernier château-fort de région bordelaise

Le château de la Mothe-Gajac, ou plus simplement château de Gajac, est un ancien château-fort. C’est une propriété privée, inscrite aux Monuments Historiques depuis le 26 avril 2013. C’est l’un des rares châteaux-forts subsistant dans la région bordelaise.
La première mention du château date de 1289, année où Édouard 1ᵉʳ confie son château de Blanquefort au prêtre Arnaud de Lacaze. Mais le bâtiment actuel a été reconstruit après la guerre de Cent Ans.

Le château de la Mothe-Gajac, a été vraisemblablement construit sur une ancienne motte castrale. Il a appartenu à plusieurs nobles, notamment à la famille Rostanh/Roustaïng ains qu’à Pierre Eyquem de Montaigne, seigneur de Gajac (titre que gardera sa famille jusqu’en 1786, où Mme de Basterot rachètera les seigneuries de Gajac, Corbiac et Saint-Médard).

Le 11 janvier 1793, sous la Révolution française, Mme de Basterot et son gendre de Ségur ce voit confisqué leur bien. Ainsi, le château fut vendu comme bien national.

Chateau de Gajac © Archives municipales

Cette maison forte est constituée d’une muraille en forme de quadrilatère délimitant une cour et flanquée de quatre tours d’angle, trois circulaires et une carrée au nord-est qui abrite une chapelle. Le château reste entouré de fossés en eau (sur trois côtés). Un petit pont enjambe le fossé ouest.

Le saviez-vous ?

En 1943, pendant la Seconde Guerre mondiale, un blockhaus toujours présent a été construit devant le château.

Le château de Belfort manœuvres militaires et lieu de festivités

Situé à Issac, le château fut au XVIe siècle le fief d’Arnaud de Ferron. Il passa au XVlle siècle à la famille de Ségur et, sous Louis XVI, au comte de Ségur de Cabanac, lieutenant général des armées du Roi.
Ce lieu fut le théâtre de grandes manœuvres militaires au cours de l’été 1845.

Le successeur de M. de Courcy vendit cette vaste propriété qui fut alors morcelée. Le château racheté par M. Cellerier, négociant à Bordeaux, fut restauré.
Le monument devint presque un nouvel édifice : le pavillon central fut exhaussé et recouvert d’une toiture en ardoise surmontée d’un lanterneau. Autour, les constructions basses furent restaurées et meublées avec luxe. Devant la façade ouest, se trouvait une prairie semi-circulaire entourée d’une garenne percée d’allées d’un charmant effet.

Le vignoble du domaine, qui produit alors de quarante à cinquante tonneaux de vin rouge, est le premier cru de la commune à la fois pour sa qualité et sa quantité.

Aujourd’hui, propriété communale et siège du centre équestre girondin, le château a gardé la physionomie qu’il avait aux alentours de 1850. Les vastes chais, en retour d’équerre, qui délimitaient la cour fermée d’une grille, ont été transformés en écuries.

« The place to be« 
Le 15 septembre, le duc d’Aumale, fils du roi donna une fête splendide au château transformé pour l’occasion en palais féerique par les soins de l’architecte Burguet.
Une société nombreuse et en grande toilette se pressait dans les salons de Belfort.

Situé à Issac, le château fut au XVIe siècle le fief d’Arnaud de Ferron. Il passa au XVlle siècle à la famille de Ségur et, sous Louis XVI, au comte de Ségur de Cabanac, lieutenant général des armées du Roi.

Ce lieu fut le théâtre de grandes manœuvres militaires au cours de l’été 1845.

Le château de Monplaisir : une maison bourgeoise typique du milieu du 19e siècle

À l’écart du hameau de Gajac, au sein du complexe sportif Robert Monseau, se trouve une maison bourgeoise à l’architecture caractéristique du milieu du XIXe siècle, bien connue des habitants de Saint-Médard-en-Jalles sous le nom de domaine de Monplaisir.

Le corps de logis, de plan rectangulaire, au toit en croupe couvert de tuiles creuses, possède un niveau de rez-de-chaussée percé de trois portes-fenêtres sur la façade principale et de trois fenêtres sur les façades latérales. La construction est soignée, en pierre de taille avec des pilastres à bossages d’angle.
Monplaisir était aussi un domaine viticole, classé parmi les crus bourgeois, dont les vignes produisaient en 1908 huit tonneaux de vin rouge.
Par ailleurs, le compositeur Jean-Baptiste William Chaumet (1842-1903) a vécu dans cette maison bourgeoise.

Aujourd’hui, propriété de la commune et restaurée en salle évènementielle, la demeure a conservé une partie de son caractère d’antan.

La chartreuse du Bourdieu : d’un domaine agricole à un domaine de plaisance

Inscrit aux monuments historiques le 6 février 1981, le logis actuel est construit en 1788 par J. Delmestre dans un domaine viticole (bourdieu en gascon) ayant appartenu en 1737 au courtier royal Delmestre. Le domaine tire ses revenus du bois, du vin et vraisemblablement de la production de céréales.

La production de vin a notamment fait la richesse de la ville aux XVIIIe et XIXe siècles. Elle s’est éteinte après la dernière récolte en 2004.

Autour du château, étaient situés « jardins, cours, puits, taillis, pelouse et allées » ainsi que des « garennes ». Certains éléments de cette occupation du sol et de l’organisation du domaine restent encore perceptibles.

J. Delmestre transforme le logis de l’époque en un lieu de résidence privilégié et embellit la maison principale avec de belles pierres. Un exemple de ce qu’est le phénomène des « campagnes » dans la France des XVIIIe et XIXe siècles. On peut encore aujourd’hui apercevoir l’escalier en fer forgé ainsi que les fourneaux d’origines de la cuisine.

Ancienne photo du domaine du Bourdieu à Saint-Médard-en-Jalles
Domaine du Bourdieu à Saint-Médard-en-Jalles © Archives municipales

En 2024, Bordeaux métropole rachète la chartreuse et son parc arboré de quatre hectares, au profit de la Ville. Grâce à ce rachat et à la convention signée avec la Ville, cet ancien domaine agricole est désormais ouvert au public pour les plus grands bonheurs des promeneurs !

Le domaine de Feydit : le plus grand domaine du territoire

Dans le quartier de Corbiac, le long de la route de Feydit, se trouve une ancienne maison, isolée au milieu d’un parc, qui abrite aujourd’hui le centre d’animation, propriété communale.
La demeure, seul vestige de l’ancien domaine, est aujourd’hui restaurée. L’intérieur, entièrement repensé, conserve toutefois une ancienne cheminée dans une des grandes salles du rez-de-chaussée.

Edouard Féret, dans sa Statistique publiée en 1874, précise qu’il y avait là un des plus grands domaines de la commune de Saint-Médard-en-Jalles, connu sous le nom de Vieilleville.Il appartenait à Auguste Feydit et s’étendait sur deux cent cinquante hectares.
Le vignoble du domaine, était cultivé avec le plus grand soin par son propriétaire avec des cépages de choix : carmenère, cabernet-sauvignon, malbec et merlot.

Le château de Vieilleville, classé en cru bourgeois, produisait alors quinze tonneaux de vin rouge plein de finesse, de corps et de bouquet.

Le château est une demeure de plan rectangulaire à deux niveaux, dont un de soubassement. La toiture couverte de tuiles creuses surmonte une importante corniche décorée de denticules. Les deux façades les plus développées possèdent chacune un escalier dont la rambarde est en fer forgé. De nombreuses ouvertures, fenêtres et porte-fenêtres éclairent la construction.

Le domaine du Thil : lieu de biodiversité

Tout comme le parc du Bourdieu le domaine du Thil a récemment ouvert ses portes au public. Avant cela il fut la propriété privée de la famille Estève.
On évoque la demeure du Thil dès le Moyen-âge (1441). L’abbé Baurein et l’architecte Léo Drouyn décrivent cette demeure comme ‘une tour carrée d’une dizaine de mètres de côté, élevée sur plusieurs étages.’ Il fut l’un des domaines les plus vastes de l’époque appartenant à la seigneurie du Tiran.

Cette seigneurie connaît son apogée au XIII et XIV siècle, avec notamment la présence de hameaux et des activités humaines tournées vers la pierre et la fabrication de chaux. En effet la présence de la Jalle permet d’extraire les pierres de la rive. D’autres le territoire très arborés et très fertile grâce à la présence de l’eau en fait un lieu de choix pour l’agriculture et l’élevage du bétail. Cette activité d’elevage perdurera d’ailleurs jusque dans les années 1980 où l’on pouvait encore aperçevoir les vachers avec leur troupeau traversant Gajac.
Le domaine du Thil c’est également un lieu de plaisir : on y trouvait ainsi un restaurant très renomé à la fin du XIX siécle, les nobles bordelais venait y pécher et festoyer.

Parc du Thil : temps de repos et d'observation
Ici la biodiversité s’en donne à cœur joie : chênes, ifs, houx, animaux (coucou les biches), jalles qui serpentent à travers les arbres, végétation ripicole (typique des cours d’eau)… Installé le long de la piste cyclable Bordeaux-Lacanau, le parc offre une parenthèse bucolique à deux pas de la ville.​ ©Ville de Saint-Médard-en-Jalles

Les moulins de Saint-Médard-en-Jalles

Saint-Médard-en-Jalles, par la force de ses cours d’eau, a très vite cristallisé sur son territoire un nombre important de moulins à eau, qui lui a permi de connaître très vite, les prémices de la révolution industrielle au travers de la Poudrerie.

Le moulin de Gajac

Hors d’activité de nos jours, ce moulin à grain est mentionné dans un acte datant de 1289 !
Ses vannes sont encore manœuvrées pour réguler le niveau de la Jalle.
Ce moulin dispose encore aujourd’hui de ses trois paires de meules. Il sera modifié au XVIIIe siècle et agrandi d’un étage XIXe siècle, pour ressembler à ce qu’il est aujourd’hui.
Rachetée par la famille Castaing en 1850, Celle-ci continue son exploitation meunière jusqu’à la Révolution française, où le moulin change de propriétaire. Il revient ensuite dans les mains de la famille Castaing.

Le moulin de Caupian

Reconstruit au XIXe siècle, le moulin de Caupian se situe sur la Jalle de Blanquefort dans le quartier de Caupian.

Hors d’activité de nos jours, ce moulin à grain est mentionné au registre du clerc de ville de Bordeaux en 1593.
On y a fabriqué du suif destiné à l’éclairage à la chandelle et élevé des sangsues pour leurs vertus médicinales. Le moulin de Caupian appartenait à la seigneurie de Belfort.

Moulin de Caupian © Archives municipales
A la belle saison cet endroit était le rendez-vous de la jeunesse saint-médardaise et des environs : on se baignait, on faisait du bateau, on y dansait… on profitait de l’été. © Archives municipales

Architecture moderne

Le Carré des Jalles, lieu du renouveau culturel

Inauguré il y a près de 60 ans, le 19 décembre 1970, par Jacques Chaban-Delmas, alors Premier ministre et ministre des affaires culturelles, le centre culturel de Saint-Médard-en-Jalles, place de la République, avait à l’origine des allures de pagode japonaise.
Ce lieu dédié aux arts et aux cultures, prendra au fil des années une envergure régionale puis nationale, comme en témoignent les acronymes de ses différentes appellations.

En effet, d’abord nommé Centre d’animation culturelle de l’Ouest Aquitain en 1978, puis CAC (Centre d’action culturelle) en 1982, il devient l’Iddac en 1991, avec pour beau mot d’ordre « Partageons nos cultures ».

Carré des Jalles - anciennement l'IDDAC © Archives municipales

À l’époque le maire actuel Christian Dussedat s’inspire des bâtiments observés lors de sa visite à Brazilia. Une architecture résolument moderne et atypique pour l’époque.

Sous l’impulsion du maire Serge Lamaison, le bâtiment connaît une rénovation complète et renaîtra de ses cendres en septembre 2002 sous le nom de Carré des Jalles.

Doté d’une nouvelle façade réalisée en matériaux composites, dans un esprit résolument contemporain, le Carré, fonctionnel et high-tech, passe d’une superficie de 6000 à 9000 mètres carrés. Lui permettant ainsi d’abriter la scène nationale Carré-Colonne, le service culturel de la Ville, les écoles municipales de danse et de musique ainsi que la Médiathèque.

La gare cycliste : une histoire de rail

Mise en service pour la première fois il y a près de 140 ans, la ligne Bordeaux-Lacanau a su évoluer avec son temps. Destinée à participer à l’élargissement du réseau de chemin de fer vers les Landes et le Médoc, elle est aujourd’hui un symbole de l’évolution de nos modes de transports vers des pratiques plus vertueuses.

La ligne de chemin de fer a été construite au XIXe siècle, faisant partie d’un réseau de routes gérées par la société générale des Chemins de fer économiques. Le réseau était principalement conçu pour transporter facilement du bois de pin maritime de son médoc natal à d’autres parties de la région de Bordeaux, avant que l’on ne se déplace vers le trafic de passagers.
Les années de gloire de la ligne de chemin de fer ont eu lieu entre 1913 et 1934. À l’époque, il fallait presque trois heures aux machines à vapeur pour se rendre de Bordeaux à Lacanau ! En plus des voitures de première, deuxième et troisième classes, les trains comprenaient souvent des voitures à bétail, permettant aux chevaux de passagers riches de faire également le voyage.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands ont régulièrement utilisé la ligne de chemin de fer pour transporter du matériel jusqu’à la côte.

La voie ferroviaire servait principalement aux transports de matière première, comme le bois, puis dans les années 1910 au transport des habitants.
La voie ferroviaire servait principalement aux transports de matière première, comme le bois, puis dans les années 1910 au transport des habitants. © Archives municipales

En 1962, le transport des voyageurs est définitivement arrêté par voie ferroviaire pour être assuré uniquement par le réseau routier. 

Gare cycliste de Saint-Médard-en-Jalles

Malgré la disparition de la voie ferrée, la gare de Saint-Médard-en-Jalles reste un centre d’intérêt pour nombre de ses anciens usagers et un point de repère pour les Saint-Médardais. C’est ainsi qu’après la dépose de la voie ferrée, la ligne Bordeaux – Lacanau est partiellement aménagée en piste cyclable.